Françoise Giroud, fille d'immigrés turcs, travaille très jeune. Dans le milieu du cinéma, puis de la presse. Là, son sens pratique, sa ténacité, sa plume incisive et sensible, lui apportent vite relations et célébrité. Après 1945, elle fonde avec Hélène Lazareff le magazine féministe novateur, Elle, puis avec Jean-Jacques Servan-Schreiber, dont elle s'éprend, l'hebdomadaire l'Express, engagé politiquement à gauche. Diriger ce journal, y écrire, c'est la grande aventure de sa vie, entrecoupée par une dépression née de drames personnels que soigne Lacan. Après 1973 et une courte carrière politique, Françoise écrit de nombreux ouvrages jusqu'à sa mort en 2003. Laure Adler, fascinée par les femmes exceptionnelles (L'Insoumise, NB novembre 2008), cerne la personnalité complexe d'une pionnière du journalisme moderne à travers son parcours et ses écrits. Le récit linéaire paraît parfois haché tant il est difficile de réunir les fragments d'une vie aussi pleine, indissociable de l'Histoire. Engagée dans tous les combats, dévorée par la rage d'écrire, bourreau de travail, et aussi séduisante, aimante, Françoise incarne le modèle de la femme libre et indépendante. Au prix d'un déni de soi et de sa judéité. Et avec ses ombres : insaisissable, autoritaire, parfois méprisante. Cette biographie documentée fait revivre intensément un passé proche mais révolu. (source : les-notes.fr)